On me demande souvent comment je découvre tous ces talents à Montpellier. J’avoue que je ne sais plus très bien comment je suis « tombée » sur les collages de Lucie-Adélaïde. Mais une chose est sûre, mon regard a tout de suite été happé par ses créations. Interview avec cette jeune montpelliéraine à l’univers onirique.
Comment as-tu débuté ta carrière professionnelle ?
Intéressée par l’architecture, j’ai suivi 5 années d’études à l’ENSAM, l’école nationale d’architecture de Montpellier. En fin de parcours, pour ma mise en situation professionnelle, j’ai eu la chance de travailler dans un cabinet d’archi en Guadeloupe. Une expérience fort enrichisssante… mais les odeurs de garrigue ont fini par me manquer car je suis très attachée à Montpellier et sa région !
Et le collage artistique, tu y es venue comment ?
Et bien c’est tout simple en rentrant chez moi à Montpellier, moi qui ne suis pas une lectrice de magazines étonamment je me suis dit à la gare de Lyon « le voyage en train va être long, je vais acheter 1 ou 2 magazines à la Presse ».
Et de retour chez moi, le confinement faisant que la baisse de mon activité pro m’a libéré un temps considérable, je me suis lancée dans des créations plastiques sous forme de collages, en puisant ma matière première dans ces pages de magazine et en les tissant notamment. J’aime cette manière de mélanger les images pour en créer une nouvelle, unique et plus abstraite, à différents niveaux de lecture.

C’est ainsi qu’est né Confinement artistique, mon projet récent autour du collage. Ce sont des collages semi-abstraits. Ma formation d’archi m’a appris à développer ma créativité certes mais aussi à être rigoureuse et précise. J’aime le travail à la main qui permet de mixer et jouer avec différentes textures, épaisseurs, contenus et couleurs. Et puis c’est vrai que j’ai toujours eu une attirance particulière pour le collage et une sensibilité pour la composition et le mariage des matières papiers. Je m’y suis souvent adonnée, sous différentes formes, tout au long de mes parcours scolaires et universitaires.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Mon intention première est de susciter les émotions et pour cela, je m’inspire de ce qui m’émeut personnellement. La Nature surtout, l’Humain et ce qu’il a de gracieux, l’architecture également. Mes collages prennent souvent la forme de paysages dans lesquels on aperçoit parfois des personnages, des objets, des mots. Autant d’éléments qui se baladent dans l’inconscient humain qui « fabrique/tisse une pensée », à un instant de vie. J’adore le thème marin pour son infini beauté et sa forte symbolique écologique et émotionnelle. Mes gammes chromatiques actuelles s’inspirent souvent des bleus. J’aime beaucoup travailler sur des séries, créer des collections comme Océans ou India. Mon dernier projet part du nuancier de peinture pour développer une nouvelle série. Je mise ainsi une gamme chromatique avec des pages d’un très vieux livre. Je colle souvent sur des cartons de maquettes. Je veille à travailler sur des formats standards et je reste sur le même format pour la série entière. Le nuancier est en 15x20cm, ce qui est facile à encadrer !

J’aime beaucoup cette séries de cartes postales anciennes revisitées, tu peux me dire comment t’est venue ce language artistique ?
En fait j’aime bien chiner. J’avais acheté il y a quelques années ce carnet de cartes postales anciennes de Marseille. Tout récemment, je me suis dit que cela serait intéressant de les réinventer en leur donnant une nouvelle dimension chromatique. J’aime beaucoup cette idée du recyclage, associer l’ancien avec du moderne et faire revivre des images anciennes en les intégrant à notre époque. Comme pour la série des nuanciers, je marie le papier ancien oublié qui a traversé le temps avec ces papiers actuels symboles de la consommation « à usage unique » pour créer une œuvre qui leur redonne de la valeur et une certaine pérennité.
Série « cartes postales » – crédit photos : my urban sweetnesses
Y a-t’il un matériel spécifique pour réaliser ce type de collages ?
Oh tu vois dans mon coin arty, on trouve tout ce qui peut traîner dans un bureau d’ancienne archi, amoureuse de papeterie en général et fan de recyclage… Voilà ! Plus sérieusement, cela comprend des magazines lus et relus et des livres abandonnés, un cutter à lame fine, une bonne paire de ciseaux et de la colle en tube ! Pour le support, j’aime l’allure que donne l’épaisseur du carton à maquette. Le papier épais suffit parfois. C’est à la portée de tous.tes et c’est aussi ça qui me plait.

Sur quels sons aimes-tu créer ?
Cela dépend de l’émotion que je veux véhiculer dans le collage. Le son me canalise tout au long de la création et au final, un collage est souvent associé à un son dans mon esprit, son qu’on peut retrouver dans mes stories sur Instagram.
J’aime beaucoup les sons élétros inspirés des années 80. J’écoute aussi beaucoup de reggae et de dub. Le son planant de Moby m’accompagne souvent dans mes moments de création/méditation.

Quelles sont tes envies à présent ?
Je m’intéresse beaucoup au travail d’autres collagistes. J’aimerais tenter de plus grands formats et pourquoi pas trouver prochainement des lieux d’expo à Montpellier (boutiques, galeries…). Je voudrais également proposer des petits ateliers collage pour le plaisir de partager ces instants et pourquoi pas donner de petits conseils !
Pour découvrir les créations de cette jeune collagiste, je vous conseille de voir son compte Instagram. Et si vous avez envie d’en avoir une chez vous, vous trouverez ses collages originaux ou des prints sur son compte Etsy pour lesquels vous pouvez choisir un encadrement.